Enquete nationale sur le handicap

 

Royaume du Maroc

 

Secrétariat d’Etat chargé de la Famille, de l’Enfance

et des Personnes Handicapées

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Document de synthèse

 

 

 

 

Avec le soutien de l’Union Européenne

 

 

 

Avril 2005

 

 

Introduction                                                                                                                         

 

1. le handicap: une approche multidimensionnelle                                                  

 

2. Une enquête d’envergure nationale, inédite au Maroc                                           

 

3. Chiffres clés                                                                                                         

 

4. Le handicap au Maroc : prévalence et répartition                                                  

 

5. Distribution et causes des déficiences à l’origine du handicap                             

 

6. Pyramide des âges des personnes en situation de handicap                                

 

7. Milieux de résidence des personnes en situation de handicap                              

 

8. Affiliation des personnes en situation de handicap aux systèmes
d’assurance médicale

 

9. Scolarisation des enfants en situation de handicap                                              

 

10. Activités des personnes en situation de handicap                                               

 

11. États matrimoniaux des personnes en situation de handicap                              

 

12. Perception des personnes en situation de handicap de leur environnement       

 

13. Difficultés et besoins des personnes en situation de handicap                           

 

14. Affiliation des personnes en situation de handicap aux associations                 
Le gouvernement du Maroc a affirmé sa volonté d’engager le pays dans une dynamique profonde de changement et de progrès social. Sa Majesté le Roi Mohammed VI a clairement exprimé la nécessité d’orienter les politiques nationales vers la prise en compte des franges défavorisées et marginalisées de la population, notamment les personnes touchées par le handicap.

Cependant, l’absence de statistiques fiables et d’études globales sur le handicap au Maroc empêchait jusqu’à présent d’évaluer avec précision les conditions de vie et les besoins des personnes en situation de handicap. C’est pourquoi le Secrétariat d’État chargé de la Famille, de l’Enfance et des Personnes Handicapées a décidé de mettre en œuvre une Enquête Nationale sur le Handicap, avec l’assistance technique du consortium français CREDES / Handicap International. Ce projet, commencé en août 2003, est financé par le Secrétariat d’Etat et l’Union Européenne dans le cadre du programme MEDA.

Les résultats complets de cette vaste enquête seront mis à la disposition de tous les acteurs œuvrant dans le domaine du handicap à la fin de l’année 2005. Ils seront également consultables par tous sur le site Web du Secrétariat d’État chargé de la Famille, de l’Enfance et des Personnes Handicapées (www.sefsas.gov.ma).

Les données recueillies constitueront un outil d’aide à la décision, efficace et précis, pour améliorer la prévention du handicap, intensifier les activités de réadaptation et d’intégration à destination des personnes en situation de handicap, mettre en place une offre de prise en charge multidisciplinaire équitablement répartie sur le territoire et renforcer les mécanismes de financement d’aides spécifiques.

Sur la base de ces résultats, un Plan National d’Action d’intégration des personnes en situation de handicap sera élaboré. Ce plan  aura pour objectif de sensibiliser l’ensemble de la population au handicap et aider les personnes en situation de handicap à trouver leur place dans la société.

Le présent rapport présente les résultats préliminaires de cette Enquête Nationale sur le Handicap. Il révèle, pour les principaux domaines de questionnement qui ont été développés, les principales données obtenues : prévalence déclarée des situations de handicap, des déficiences associées, causes de ces déficiences, principales caractéristiques sociodémographiques de la population des personnes en situation de handicap, principaux problèmes et besoins exprimés.

C’est le début du processus de partage de ces données avec les acteurs intervenant dans le domaine du handicap au Maroc. A partir de Mai 2005, plusieurs Comités Techniques Sectoriels (Santé, Education, Formation, Emploi, Intégration sociale, législation, Mécanismes de coordination) seront constitués en vue de faire participer tous les potentialités et tous les intervenants pour enrichir les analyses de ces données et élaborer les recommandations qui serviront de base à la construction du Plan National d’Action 2006 – 2015.

 

1. le handicap : une approche multidimensionnelle

 

Avant de commencer la collecte des données de l’Enquête Nationale sur le Handicap, une série de concepts a été définie et validée par l’ensemble des partenaires formant le paysage institutionnel des questions du handicap au Maroc. Cette démarche a permis d’élaborer une grille d’analyse et un langage commun sur le handicap. Elle s’est appuyée sur le Processus de Production du Handicap (PPH) élaboré en 1991 par le Comité Québécois de la Classification Internationale des Déficiences et Incapacités et sur la nouvelle Classification Internationale du Fonctionnement du Handicap et de Santé (CIF) publiée par l’Organisation Mondiale de la Santé en 2001.

Déficiences et situation de handicap

La définition de la personne en situation de handicap répond à la logique suivante : quand un problème de santé affecte une ou plusieurs fonctions organiques ou anatomiques, cela entraîne une déficience. Cette déficience peut provoquer une limitation des activités de la personne touchée qui l’empêche de participer normalement à la vie sociale. Si cette limitation dure plus de six mois, on considère que la personne touchée est en situation de handicap.

La situation de handicap n’est donc pas la déficience, mais l’ensemble des limitations que cette déficience (ou ces déficiences) génère. Cependant, avoir une déficience ne signifie pas toujours être en situation de handicap. Les personnes affectées par des problèmes de vue ont une déficience, mais la plupart d’entre elles portent des lunettes et vivent normalement.

Définition du handicap retenue pour l’enquête nationale

Le handicap est la restriction des activités et/ou de la participation sociale d’une personne, de façon permanente ou temporaire, stable ou évolutive, due à une déficience ayant entraîné une ou plusieurs altérations des fonctions physiques, sensorielles, mentales, isolées ou associées, et une limitation des aptitudes fonctionnelles. Les facteurs personnels et environnementaux peuvent constituer des obstacles ou des facilitateurs aux activités et/ou à la participation sociale de la personne.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

De plus, une situation de handicap n’est pas figée. Elle peut être aggravée ou atténuée par les caractéristiques propres à chaque personne : âge, sexe, éducation, personnalité, habitudes, niveau socioprofessionnel, ressources financières, etc.

Cette situation de handicap évolue aussi en fonction de l’environnement. Ce dernier est constitué par l’habitat, les bâtiments, la voirie, mais aussi la famille et les codes qui la régissent, les règles sociales et religieuses, les services de l’État, les lois…

Des conséquences sur les actions à mener

Cette approche du handicap a de multiples implications. La déficience n’est plus perçue comme le seul facteur créateur d’une situation de handicap car les causes dites “primaires” sont distinguées des causes dites “secondaires”. Les causes primaires sont des problèmes d’origine héréditaire, congénitale, périnatale, pathologique, traumatique. Ce sont elles qui créent les déficiences invalidantes. Les causes secondaires sont des difficultés comme le déficit d’accessibilité, l’exclusion ou l’auto-exclusion (de la vie sociale, de l’éducation, du travail, de la citoyenneté), la discrimination. Conséquences des causes primaires, ces difficultés limitent la participation à la vie sociale.

Connaître et mieux comprendre les causes primaires permet de mettre en place des actions ciblées pour améliorer la prévention et la prise en charge des troubles de santé qui sont à l’origine du handicap. Reconnaître les causes secondaires implique que l’environnement est aussi responsable des situations de handicap et qu’il doit être adapté pour faciliter l’intégration sociale des personnes qui en sont victimes.

Au-delà de l’accessibilité des bâtiments et de la voirie, c’est l’environnement humain qui présente les plus fortes barrières à cette intégration. En effet, les représentations négatives sur les personnes en situation de handicap sont nombreuses dans le monde du travail, à l’école, dans les services, dans les lieux publics, ainsi que, parfois, dans l’environnement familial.

 2. Une enquête d’envergure nationale, inédite au Maroc

L’enquête s’est développée en quatre volets : (i) enquête qualitative (focus groups), (ii) enquête ménages, (iii) étude sur les causes de déficiences et (iv) enquête acteurs.

Le premier volet a mis en place treize groupes de discussion (focus groups). Une centaine de personnes en situation de handicap, ainsi que des représentants de leur environnement familier, des professionnels du handicap et des responsables associatifs ont été interrogés. Ces groupes de discussion ont permis de mieux cerner les problèmes, les besoins, les attentes des personnes en situation de handicap, les catégories de situations (face à l’accès aux soins, à l’éducation, à l’emploi, face aux problèmes d’accessibilité, etc.) dans lesquelles elles peuvent se retrouver.

Toutes ces données ont été utilisées pour construire le second volet de l’enquête : celle auprès d’un échantillon représentatif de la population de plus de 54.000 personnes, construit à partir de la base de sondage des districts du Recensement Général de la Population et de l’Habitat 2004 (RGPH) élaborée par le Haut Commissariat au Plan. Le protocole méthodologique de cette enquête auprès de la population a été validé par le Comité de Coordination des Enquêtes Statistiques (COCOES), du Haut Commissariat au Plan. Le visa officiel autorisant son lancement a été accordé le 7 juillet 2004. La collecte des données s’est ensuite déroulée du 12 juillet au 30 août 2004.

 

Un grand nombre de données a pu être recueilli, dont la prévalence du handicap au Maroc, les principales caractéristiques sociodémographiques de la population en situation de handicap, mais aussi ses besoins et ses difficultés au quotidien, ses attentes vis-à-vis de l’État et de la société… Ces données ont été collectées sur la base des déclarations des personnes en situation de handicap qui ont répondu à l’enquête.

Le troisième volet de l’enquête a analysé les causes de déficiences au Maroc à partir des données épidémiologiques disponibles. L’objectif était de croiser ces données bibliographiques avec les informations recueillies auprès de la population afin d’identifier  les déficiences à l’origine du handicap et d’en comprendre les causes génétiques, obstétricales, périnatales, pathologiques, traumatiques.

Enfin, le quatrième volet s’est concentré sur les acteurs marocains œuvrant dans le domaine du handicap. Ceci afin de mesurer l’adéquation entre les besoins des personnes touchées par le handicap et les réponses des différents acteurs nationaux et régionaux. Une centaine de professionnels a été interrogée : des responsables d’associations, de services ministériels et de leurs délégations régionales, de structures de rééducation et d’appareillage, de structures de prise en charge du handicap et d’écoles accueillant des enfants porteurs de handicap.

. Chiffres clés

Prévalence du handicap au Maroc

5,12% de la population marocaine, a été repérée comme étant en situation de handicap en septembre 2004, soit environ 1 530 000 personnes.

Cette prévalence augmente avec l’âge : elle est de 2,5% pour la tranche d’âges 0 -14 ans, de 4,5% pour la tranche d’âges 15 – 59ans et de 20,5% pour la tranche d’âges des personnes de  60 ans et plus.

Répartition des déficiences

45,6%  des personnes en situation de handicap présentent une  seule déficience.

54,4% des personnes en situation de handicap ont plusieurs déficiences

51,9% des déficiences sont motrices,  

31,8% métaboliques ou viscérales (maladies cardiovasculaires, diabète…)

28,8% visuelles,

25,8% touchent la parole et le langage,

23% sont psychiques ou mentales,

14,3% auditives et

4,7% esthétiques.

 

Pyramide des âges

 

56,4% de la population en situation de handicap est âgée de 16 à 60 ans, c’est-à-dire est en âge d’activité. Les plus de 60 ans représentent 28,1% et les moins de 16 ans 15,5%.

 

 

Milieux de résidence

 

58,8% de la population en situation de handicap vit en milieu urbain. 41,2% en milieu rural.

 

États matrimoniaux

 

42,2% des personnes en situation de handicap de plus de 15 ans sont mariées. Parmi les hommes,

52% sont mariés, pour seulement 31,6% des femmes en situation de handicap.

Education

 

68% des enfants en situation de handicap, entre 4 et 15 ans, ne sont pas scolarisés.

87% des parents d’enfants handicapés non scolarisés considèrent le handicap comme la cause de la non scolarisation de leurs enfants.

 

Emploi

55,2% des personnes en situation de handicap de plus de 15 ans n’ont pas accès au marché du travail.

39,5% sont  inaptes au travail  pour raisons médicales. 15,6%  n’ont pas trouvé un emploi.

 

Affiliation à des systèmes d’assurance médicale

 

12% des personnes en situation de handicap sont affiliées à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale, à une assurance ou à une mutuelle.

 

Perceptions, difficultés et besoins

 

61,1% des personnes en situation de handicap déclarent que les croyances et les représentations de leur entourage sont plutôt un obstacle à leur intégration.

 

76% des personnes en situation de handicap déclarent qu’il leur est impossible de participer à des activités de scolarité ou de formation et 74% d’exercer un emploi.

 

55,3% des personnes en situation de handicap déclarent que leur principal besoin est un meilleur accès aux soins et 52,5% d’obtenir une aide financière pour résoudre leurs besoins essentiels.

 

Appartenance à des associations

 

14% des personnes en situation de handicap adultes et 7% des parents et tuteurs d’enfants en situation de handicap sont membres d’associations travaillant dans ce domaine.

 

4. Le handicap au Maroc : prévalence et répartition

 

L’Enquête Nationale sur le Handicap a montré qu’en septembre 2004, le Maroc comptait quelque 1 530 000 personnes en situation de handicap, réparties dans un ménage sur quatre. Cette prévalence du handicap, établie à partir des déclarations des personnes visées par l’enquête, représente 5,12% de la population marocaine. L’intervalle de confiance est de +/- 5%, situant cette prévalence entre 4,86% (1 452 740 personnes) et 5,38% (1 608 170 personnes).

 

 

 

5,12% de la population marocaine a été repérée comme étant en situation de handicap en septembre 2004, soit environ 1 530 000 personnes.

 

 

 

 

 

 

 

 

A la différence du Recensement Général de la Population et de l’Habitat, l’approche ne permet de cerner que les handicaps durs, l’approche adoptée par les enquêtes spécifiques, notamment l’Enquête Nationale sur le Handicap  appréhende un champs très larges de déficiences; et par conséquent le taux de prévalence seront environ deux supérieur à celui du recensement

 

Cette prévalence augmente avec l’âge : elle est de 2,5% pour la tranche d’âge 0 -14 ans, de 4,5% pour la tranche d’âges 15 – 59 ans et de 20,5% pour la tranche d’âges des personnes de 60 ans et plus.

 

La prévalence déclarée du handicap varie entre les différentes zones du territoire marocain délimitées pour l’enquête. Elle atteint 6,28% dans la zone de Haouz et 8,07% dans celle de Chaouia, mais ne dépasse pas 2,3% dans la zone de Massa. La proportion des personnes en situation de handicap est plus élevée autour des trois principaux centres urbains du Maroc, Casablanca, Rabat – Salé et Marrakech, en particulier au sein des villes. La zone de Casablanca fait exception dans ce trio, avec une prévalence déclarée du handicap plus forte dans ses parties rurales (6%) qu’urbaines (3,9%).

 

 

 

Tableau 2

Prévalence des situations de handicap par régions et milieux de résidence

 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Zones d’enquête

Régions concernées

Résidence

Moyenne

 

Urbain

Rural

Zone 1

Massa

 

  • Oued Ed Dahab – Lagouira
  • Laayoune – Boujdour – Sakia El Hamra
  • Guelmin Es-Semara
  • Souss – Massa – Draa

2,2%

3,2%

2,3%

Zone 2

Haouz

 

  • Marrakech – Tensift – Al Haouz
  • Tadla – Azila

6,6%

6%

6,28%

Zone 3

Chaouia

  • Chaouia – Ouardigha
  • Doukala – Abda

8,5%

7,7%

8,07%

Zone 4

Grand Casablanca

  • Grand Casablanca

3,9%

6%

4,15%

Zone 5

Rabat – Tanger

  • Gharb – Chrarda – Beni Hssen
  • Rabat – Sale – Zemmour – Zaer
  • Tanger – Tétouan

5,4%

4,7%

5,25%

Zone 6

Saïss

  • Meknes – Tafilalet
  • Fes – Boulemane

 

4%

5%

4,43%

Zone 7

Oriental

  • Oriental
  • Taza – Al Hoceima – Taounate

4,1%

3,8%

3,95%

Toutes régions confondues

4,8%

5,7%

5,12%

Différentes hypothèses peuvent expliquer ces disparités. Les conditions de vie précaires et la difficulté d’accès aux soins pourraient entraîner une surmortalité des personnes en situation de handicap dans les régions du Maroc, Massa et l’Oriental en particulier. Ces mêmes raisons pourraient être à l’origine de migrations des personnes en situation de handicap et de leurs familles vers les grands centres urbains, mieux pourvus en services et organismes spécialisés.

 

5. Distribution et causes des déficiences à l’origine du handicap

 

L’Enquête Nationale sur le Handicap a mis en lumière la complexité de la relation entre déficiences et situations de handicap. Les personnes en situation de handicap interrogées présente plus de 5.500 déficiences. Parmi elles, 45,6% en présentent une seule et 54,4% en présentent plusieurs.

 

Tableau 3
Distribution de la population en situation de handicap,

selon le nombre de déficiences par personne

Une déficience

Deux déficiences

Trois déficiences

Quatre déficiences

Cinq déficiences

Six déficiences

Total

45,6%

30%

16,2%

6,1%

2,0%

0,1%

100%

 

Les plus fréquentes sont les déficiences motrices (51,9%), puis les déficiences viscérales et métaboliques (31,8%), liées aux maladies cardiovasculaires, endocriniennes, respiratoires, immunitaires… Les déficiences visuelles (28,8%) et du langage (25,8%) arrivent en troisième et quatrième position, suivies des déficiences psychiques et mentales (23%), auditives (14,3%) et, plus loin derrière, esthétiques (4,7%).

 

 

Diversité des situations de handicap

 

Ces situations de handicap sont causées par une ou plusieurs déficiences. Dans la plupart des cas où il y a plusieurs déficiences, il est fréquent que l’une d’entre elles, fortement invalidante, prédomine. Cela permet de classer les situations de handicap en fonction de cette déficience principale. On parlera, par exemple, de handicap moteur quand la principale déficience invalidante est motrice, de handicap mental quand la principale déficience invalidante est mentale, etc. On parlera également de handicap multiple dans les cas où coexistent plusieurs déficiences fortement invalidantes.

 

Vue sous cet angle, la population en situation de handicap est principalement touchée par le handicap moteur (26,46%), puis par le handicap multiple (24,85%) et le handicap psychique et mental (22,69%). Deux tiers des personnes de ce dernier groupe présentent une déficience psychique ou mentale combinée à plusieurs déficiences, essentiellement motrices et sensorielles.

 

 

Tableau 3

Distribution de la population en situation de handicap, par types de handicap

 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Prévalence

Effectif[1][1]

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Handicap Moteur

26,46%

404 850

Handicap multiple

24,85%

380 200

Handicap Psychique Mental

22,69%

347 200

Handicap Visuel

10,32%

157 900

Handicap Viscéral Métabolique

10,14%

155 150

Handicap Auditif

4,14%

63 400

Handicap de la parole et du langage

1,3%

15 600

Handicap Esthétique

0,37%

5 700

Total

100%

1 530 000

 

Cette approche montre de faibles proportions de personnes en situation de handicap sensoriel (visuel : 10,32%, auditif : 4,14%) et de handicap de la parole et du langage (1,3%). En effet, ces trois types de déficiences à l’origine de ces situations de handicap sont plutôt rares de façon isolée. Elles sont plus fréquentes en revanche quand elles sont combinées avec d’autres déficiences (visuelles : 28,8%, auditives : 14,3%, parole et langage : 25,8%).

 

Cette approche révèle également que 10,14% des personnes en situation de handicap sont uniquement atteintes de déficiences viscérales et métaboliques. Ceci confirme la dimension fortement handicapante des maladies chroniques avant même qu’elles n’entraînent des déficiences plus connues pour leur dimension invalidante (paralysie, amputation, cécité, troubles cognitifs).

 

Causes déclarées des déficiences

 

L’enquête s’est intéressée à la connaissance qu’ont les personnes en situation de handicap des causes des déficiences dont elles sont victimes : 55% des personnes interrogées déclarent les connaître et, parmi elles, 67% ont pu faire confirmer cette information lors d’une consultation médicale.

 

 

 

 

Tableau 4
Causes des problèmes de santé, déclarées par les personnes handicapées

par milieux de résidence et par sexes

 

 

   

Urbain

Rural

Masculin

Féminin

Total

 
Problèmes d’origines héréditaires / congénitales / périnatales

22,4%

23,7%

24,2%

21,2%

22,8%

Maladie acquise

40,7%

34,3%

37%

40,1%

38,4%

Origine accidentelle

22,7%

27,4%

28,6%

19,2%

24,4%

Problème de santé lié au vieillissement

14,2%

14,6%

10,3%

19,5%

14,4%

Total

100%

100%

100%

100%

100%

 

L’analyse des causes déclarées par sexe montre que les accidents et les pathologies liées à des causes héréditaires, congénitales, périnatales sont plus fréquents chez les hommes, tandis que les maladies acquises et les causes liées au vieillissement dominent chez les femmes.

 

Les premières causes déclarées sont les maladies acquises (38,4%), c’est-à-dire les maladies apparues après la naissance. Les causes accidentelles et les problèmes liés à des causes héréditaires, congénitales, et périnatales apparaissent en seconde et troisième position avec respectivement 24,4% et 22,8%.

 

L’étude sur les causes de déficiences a apporté de nombreux compléments d’information en ce qui concerne ces quatre grandes catégories de causes.  Elle a permis notamment de mieux cerner quels impacts elles ont sur chaque grande tranche d’âges de la population marocaine et ainsi de fournir des éléments d’analyse intéressants pour l’élaboration de politiques de prévention.

 

Problèmes affectant les nouveaux-nés (0 – 1 ans) 

 

Ce sont les problèmes d’origines héréditaires, congénitales, périnatales qui sont très largement favorisés par la situation, encore critique au Maroc, en ce qui concerne le suivi des grossesses et les accouchements assistés de personnels paramédicaux / médicaux.

 

Plus de 600 000 naissances sont enregistrées annuellement, dont près de 4 sur 10 (38%) se sont effectuées sans aucune assistance médicale ou paramédicale[2][2]. Ce ratio atteint 6 sur 10 (61%) en milieu rural.                   Des 600 000 accouchements enregistrés chaque année, on peut estimer qu’environ 1 sur 6 (100 000) est un cas compliqué, présentant des risques pour le nouveau-né de lésions, physiques, sensorielles, neurologiques, plus ou moins sévères.

 

Ces complications, quand elles sont congénitales sont souvent des prématurités, des hypotrophies fœtales (fœtus trop petit), des maladies respiratoires, oculaires, de l’appareil circulatoire, avec en chef de file les cardiopathies congénitales, des malformations congénitales, des anomalies chromosomiques. Elles peuvent avoir des conséquences extrêmement invalidantes. Elles sont notamment à l’origine de nombreuses déficiences motrices (les pieds bots et les luxations congénitales de hanche sont les plus fréquentes), auditives, mentales (trisomie 21. hydrocéphalie, microcéphalie).

 

Leur apparition est favorisée par les carences nutritionnelles (fer, iode, vitamine A particulièrement) et l’exposition aux maladies infectieuses (toxoplasmose, rubéole, syphilis, tuberculose) des femmes enceintes. Les mariages consanguins sont également un facteur aggravant[3][3], de même que la consommation croissante de toxiques (tabac, alcool).

 

Les principales complications qui se présentent au moment de l’accouchement sont les affections du cerveau du fœtus, responsables de plusieurs dizaines de milliers d’Infirmités Motrices Cérébrales (IMC), de retards psychomoteurs ou de déficiences cognitives. Les traumatismes obstétricaux (présentations dystociques, extractions instrumentales) sont responsables de nombreux cas de paralysie du plexus brachial[4][4], de torticolis, etc.

 

Petite enfance (1 à 5 ans)

 

Les principales pathologies causes de mortalité et de morbidité chez les enfants de 1 à 4 ans sont les maladies de l’appareil respiratoire, avec la pneumonie en tête de file, les maladies infectieuses, les maladies cardiovasculaires, dont les cardiopathies représentent la très grande majorité et les déshydratations, consécutives la plupart du temps à des diarrhées[5][5]. En 2003, 22,1% des enfants de moins de 5 ans ayant consulté dans des services de santé maternelle et infantile étaient atteints de diarrhées[6][6].

 

Les maladies carentielles et nutritionnelles (anémie, carence en vitamine A, en iode, en protéines) sont également des causes importantes de déficiences et de situations de handicap.

 

Les traumatismes et empoisonnements sont la deuxième cause de décès et sans doute également de séquelles invalidantes chez les enfants de cette tranche d’âges[7][7]. Il s’agit essentiellement de brûlures, de chutes, de noyades et d’empoissonnements par ingestion accidentelle de produits toxiques.

 

Enfance, adolescence (5 à 19 ans)

 

Les traumatismes sont la 1ère cause de mortalité chez les 5 – 19 ans au Maroc[8][8]. Dans le champ des causes pathologiques, les maladies de l’appareil respiratoire et les maladies infectieuses sont encore des causes majeures de handicap chez les enfants de plus de 5 ans.

 

Mais une des pathologies majeures en terme de production de handicap chez ces enfants de plus de 5 ans et les jeunes adultes est le Rhumatisme Articulaire Aigu (RAA). Cette maladie, à point de départ  infectieux (des angines la plupart du temps), entraîne des complications cardiaques graves. Son incidence a augmenté de plus de 70% entre 1994 et 2002. Elle est passée de 3.621 cas en 1994 (incidence de 14 / 100.000 habitants) à 7.077 cas en 2002 (24 / 100.000) [9][9].

 

Le RAA constitue un véritable problème de santé publique, bien que la prévention soit simple (1 injection de pénicilline retard, prise  tous les 15 jours, pour un prix de 8 à 10 Dh). Les complications sont graves et très invalidantes. Elles peuvent entraîner des lésions cérébrales et des insuffisances cardiaques dont l’évolution peut être mortelle à défaut d’une greffe cardiaque.

 

Jeunes adultes  (20 à 40 ans)

 

Le Rhumatisme Articulaire Aigu continue à avoir une prévalence forte chez les jeunes adultes marocains. Il reste pour cette tranche de population une cause importante de mortalité et de morbidité. Chez les jeunes adultes, une autre pathologie extrêmement invalidante est fréquente : la schizophrénie.

 

Au sein de cette tranche d’âges, les personnes entre 20 et 30 ans sont également fortement affectées par les accidents.

 

A partir de la maturité (au delà de 40 ans)

 

Ce sont les pathologies aggravées par le mode de vie qui dominent : hypertension artérielle (HTA) et maladies métaboliques (diabète, obésité, surcharge en cholestérol et triglycérides). 33,2% des marocains de plus de 20 ans sont hypertendus (plus de 3 millions de personnes) et 88% d’entre eux l’ignorent. Il y a entre 1,5 et 2 millions de personnes diabétiques au Maroc, dont les 2/3  là encore l’ignorent. La prévalence est de 11,5% chez les plus de 40 ans. 26% de la population âgée de 20 ans et plus est actuellement en surpoids et 13,3% sont obèses[10][10].

 

L’allongement permanent de l’espérance de vie est bien sûr une cause importante, mais l’évolution des modes d’habitat, de la sédentarité, de l’utilisation des transports automobile, des habitudes alimentaires trop grasses, trop caloriques, trop sucrées ont une très grande responsabilité dans le développement de ces pathologies chroniques, responsables de nombreuses situation de handicap.

 

Ces pathologies sont à l’origine, chaque année, de dizaines de milliers d’accidents vasculaires cérébraux, mortels dans 1/3 des cas et laissant de graves séquelles invalidantes pour un autre 1/3. Les infarctus du myocarde sont encore plus nombreux. Chaque année, le diabète est responsable de nombreuses cécités, néphropathies (dysfonctionnement des reins) et  amputations dues à des artérites des membres inférieurs.

 

 

Les révélations de l’enquête sur les origines accidentelles

 

Nous venons de le voir, les accidents constituent une cause importante de handicap au Maroc, surtout chez les enfants et les jeunes adultes. Mais alors que l’on attribue, en général, une grande importance aux accidents de la route, les causes accidentelles déclarées par les personnes en situation de handicap interviewées, dans le cadre de notre enquête, révèlent l’importance d’autres types d’accidents.

 

Les accidents de circulation routière sont effectivement les plus importants (19,5%). Mais les accidents du travail (14,2%) jouent également une part non négligeable dans l’apparition de situations de handicap. On constate sur ce type d’accidents une énorme différence entre les hommes et les femmes, puisqu’ils concernent 20% des causes accidentelles chez ces premiers, contre seulement 3% pour ces dernières.

 

 

Tableau 5

Types d’accident déclarés par les personnes en situation de handicap par sexes

 

Masculin

Féminin

Deux sexes

Autre accident ou blessure

22%

44%

29,4%

Accident de la circulation routière

22%

15%

19,5%

Accident de travail

20%

3%

14,2%

Opération ou suite d’un traitement médical

8%

14%

10,2%

Accident de sport ou de loisir

7%

6%

6,7%

Autre accident sur la voie publique

4%

10%

6,1%

Violence sociale (dans la rue, dans les lieux publics, …)

8%

1%

5,5%

Violence intra familiale

2%

3%

2,6%

Blessure de guerre ou dans le cadre d’activités militaires

3%

0%

2,0%

Intoxication (huiles frelatées, médicaments, etc.)

2%

3%

2,0%

Total

100%

100%

100%

 

La troisième cause d’accident déclarée concerne les causes dites iatrogènes, liées à des complications suite à une opération ou un traitement médical (10,2%). Les violences constituent la quatrième cause déclarée parmi les causes accidentelles. Les violences intra familiales et sociales réunies représentent 8,1% de l’ensemble des causes accidentelles. Les violences intra familiales sont légèrement plus fréquentes chez les femmes (3%) que chez les hommes (2%) et les violences sociales beaucoup plus importantes chez les hommes (8%) que chez les femmes (1%).

 

6. Pyramide des âges des personnes en situation de handicap

 

La majorité des personnes en situation de handicap (56,4%) est en âge d’activité, c’est-à-dire âgée de 16 à 60 ans. Les plus de 60 ans représentent 28,1% et les moins de 16 ans 15,5%.

 

La pyramide des âges montre clairement que le handicap est plus fréquent dans la population masculine, avec 53,4% d’hommes et 46,6% de femmes. Les garçons de moins de 16 ans représentent 9,4% de l’ensemble de la population en situation de handicap, contre 6,1% pour les filles. Cette tendance se confirme jusqu’à 40 ans, ce qui s’explique sans doute par une plus grande fréquence des accidents de la route, du travail et des traumatismes dus aux violences chez les jeunes adultes de sexe masculin.

 

 

Dans les tranches d’âge supérieures, la tendance s’infléchit, avec 25% de femmes âgées de plus de 40 ans au sein de la population touchée par le handicap et 24,8% d’hommes. Cela s’explique essentiellement par l’espérance de vie plus grande des femmes[11][11].

 

 

56,4% de la population en situation de handicap est âgée de 16 à 60 ans, c’est-à-dire est en âge d’activité. Les plus de 60 ans représentent 28,1% et les moins de 16 ans 15,5%.

 

 

 

 

 

 

 

 

Comme nous l’avons vu précédemment, la prévalence du handicap s’élève globalement avec l’âge, illustrant ainsi le lien entre vieillissement et handicap. La pyramide des âges montre aussi une augmentation spécifique entre 21 et 50 ans. Ces chiffres s’expliquent en partie par le fait que les personnes âgées de 30 à 50 ans sont nées entre 1955 et 1975. Durant ces deux décennies, les maladies infectieuses et parasitaires, poliomyélite et trachome essentiellement, étaient encore très présentes au Maroc.

 

7. Milieu de résidence des personnes en situation de handicap

 

Les personnes en situation de handicap sont plus nombreuses en milieu urbain (58,8%) qu’en milieu rural (41,2%). Cela s’explique principalement par le taux d’urbanisation au Maroc qui est de 55,4%[12][12]. Le déplacement de familles touchées par le handicap des zones rurales vers les agglomérations, pour avoir un meilleur accès à des services de prise en charge doit également contribuer à ce phénomène. Il est à noter que 16% de la population touchée par le handicap vivant en milieu urbain réside dans des zones d’habitat insalubre.

 

58,8% de la population en situation de handicap vit en milieu urbain,

dont 16% dans des zones d’habitat insalubre.

 

 

 

 

 

 

 

8. Affiliation des personnes en situation de handicap aux systèmes d’assurance médicale

 

Les taux d’affiliation aux systèmes d’assurance médicale des personnes en situation de handicap sont à peu près comparables à ceux de la population marocaine en général. Seules 12% des personnes en situation de handicap sont affiliées à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale, à une assurance ou à une mutuelle.

 

 

12% des personnes en situation de handicap sont affiliées à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale, à une assurance ou à une mutuelle.

 

 

 

 

 

 

 

Des contrastes importants apparaissent entre sexes et milieux de résidence : 15% des hommes sont affiliés contre 9% des femmes, 17% des personnes en situation de handicap sont affiliées en milieu urbain contre 6% dans les zones rurales.

 

Parmi les personnes en situation de handicap affiliées, seules 11% déclarent que leur(s) assurance(s) couvrent la totalité de leurs frais. Cela signifie qu’à peine une personne touchée par le handicap sur 100 bénéficie d’une assurance couvrant à 100% les frais médicaux et paramédicaux liés à son handicap.

 

Tableau 6
Raisons pour ne pas être assuré

La personne ne connaît pas l’existence des systèmes d’assurance

53,4%

Trop cher

21,9%

Travail dans le secteur informel et ne peut s’assurer

13,4%

Perte de ses droits sociaux du fait de sa situation de handicap

6,3%

Refus de l’employeur d’assurer la personne

2,3%

Refus de la personne de s’assurer

1,8%

Refus des assurances ou des mutuelles d’assurer la personne

0,9%

Total

100%

 

Plusieurs raisons sont invoquées par les personnes qui déclarent ne pas être assurées : le fait de ne pas connaître les systèmes d’assurance (53,4%), le coût trop élevé de ces assurances (21,9%) et le fait d’exercer un travail non déclaré (13,4%). On notera enfin que les refus d’assurance représentent 5% des cas et qu’ils peuvent être le fait de l’employeur, des systèmes d’assurances et des personnes en situation de handicap elles-mêmes.

 

9. Scolarisation des enfants en situation de handicap

 

Au moment de l’enquête, 32% des enfants en situation de handicap, entre 4 et 15 ans, étaient scolarisés, soit un taux de scolarisation pratiquement trois fois inférieur à celui des enfants non atteints par un handicap. Pour l’ensemble des jeunes marocains de 6 à 11 ans, le taux de scolarisation est de 92,6%. Pour la tranche d’âge 12 – 14 ans il est de 69,3%[13][13].

 

En ce qui concerne les enfants non scolarisés, le handicap est perçu, par les parents, comme la cause de cette non scolarisation dans 87% des cas.

 

S’il n’y a pas de disparité importante entre garçons et filles, en ce qui concerne les taux de scolarisation, la situation est inverse pour la comparaison entre milieux de résidence. Les taux de scolarisation, pour les deux sexes, sont pratiquement le double en milieu urbain par rapport au milieu rural. 42% des enfants en âge d’être scolarisés le sont en milieu urbain, contre 21% en milieu rural. Pour les filles, les proportions sont sensiblement les mêmes : 40% en milieu urbain contre 22% en milieu rural.

 

32% des enfants en situation de handicap, entre 4 et 15 ans, sont scolarisés, soit un taux de scolarisation pratiquement trois fois inférieur à celui des enfants non atteints par un handicap.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour les personnes en situation de handicap de plus de 15 ans, c’est à dire en dehors de l’âge scolaire pour la très grande majorité d’entre elles, seulement 29% ont pu bénéficier d’une scolarité. La tendance est donc en voie d’amélioration entre les générations actuelles des enfants en âges d’être scolarisés et les générations précédentes, mais de façon très timide cependant.

 

On constate entre la génération actuelle en âge d’être scolarisée et les précédentes, constituées des personnes de 15 ans et plus, une nette amélioration des taux de scolarisation pour les filles. Les personnes en situation de handicap de sexe féminin de plus de 15 ans ne sont que 24% en milieu urbain et 10% en milieu rural à avoir bénéficié d’une scolarisation.

 

Mais pour les garçons, au contraire, la situation s’est dégradée. En milieu urbain, la proportion de personnes de sexe masculin de plus de 15 ans ayant bénéficié d’une scolarisation atteint 46%. En milieu rural, elles sont 28%

 

 

10. Activités des personnes en situation de handicap

 

L’analyse des activités des personnes en situation de handicap montre clairement la relation entre le handicap et l’exclusion du marché du travail. Seulement 10,1% des personnes en situation de handicap sont des actifs occupés. Dans les tranches d’âges 15 – 60 ans, ce taux d’actif occupés atteint 12,2%.

 

 

Tableau 7
Activités des personnes en situation de handicap

 
   

Masculin

Féminin

Total

 
Actif occupé

15,5%

3,8%

10,1%

Actif chômeur n’ayant jamais travaillé

7,5%

5,5%

6,6%

Actif chômeur ayant déjà travaillé

9,6%

2,7%

6,4%

Femme au foyer

0%

41,5%

19,6%

Etudiant ou élève

5,2%

3,4%

4,4%

Rentier ou retraité

6,9%

1,4%

4,3%

Inapte au travail pour raisons médicales

38,0%

26,7%

32,7%

Enfant

11,9%

8,0%

10,1%

Autre

4,8%

7,0%

5,8%

Total

100%

100%

100%

 

Les actifs chômeurs représentent 13% de l’ensemble de la population des personnes en situation de handicap et 15,6% de la tranche d’âge 15-60 ans. Mais il faut également rajouter à ce taux de chômage l’ensemble des personnes inaptes au travail pour raisons médicales qui représentent 32,7% de l’ensemble de la population des personnes en situation de handicap et 39,6% des personnes ayant 15 ans ou plus.

 

Selon cette approche, les personnes en situation de handicap en âge d’être actives mais qui n’ont pas accès au marché du travail s’élève à 55,2%. Comparé au taux de chômage de 11,9%[14][14] de l’ensemble de la population marocaine en âge d’être active, il est clair que le handicap est un facteur extrêmement fort d’exclusion du marché du travail. Plus d’une personne sur deux en âge d’être active, en situation de handicap, en est exclue.

 

 

55,2% des personnes en situation de handicap en âge d’être actives n’ont pas accès  du marché du travail.

 

 

 

 

 

 

 

 

Le taux de chômage chez les personnes en âge d’être actives est pratiquement 5 fois plus élevé au sein de la population des personnes en situation de handicap qu’au sein de la population marocaine dans son ensemble.

 

Cette exclusion du marché du travail est encore plus forte pour les femmes que pour les hommes, puisqu’elles ne sont que 3,8% à être actives occupées au sein de la population féminine contre 15,5% au sein de la population masculine.

 

Il est clair que ces faibles taux d’activités des femmes ne sont pas dus qu’à leur situation de handicap. Ils sont aussi en lien avec la position de la femme en général sur le marché du travail marocain. Mais le handicap apparaît tout de même comme un facteur excluant supplémentaire. Dans la population marocaine féminine de 15 ans et plus, le taux d’activité des femmes est de 27,3%[15][15]. Il n’est que 4,2% pour les femmes en situation de handicap, soit plus de 6 fois inférieur.

 

D’ailleurs ce facteur excluant qu’est le handicap s’applique tout autant aux hommes qu’aux femmes. 77,4%[16][16] des hommes de 15 ans et plus au Maroc sont actifs. Ils ne sont plus que 15,5% quand ils sont en situation de handicap. Le rapport est donc de 1 à 5, c’est à dire peu différent de celui concernant les femmes.

 

 

11. États matrimoniaux des personnes en situation de handicap

 

On compte 41,38% de personnes en situation de handicap de plus de 15 ans mariées. Le handicap apparaît comme une plus grande barrière au mariage pour les femmes. Elles sont 31,6% à être mariées, contre 52% des hommes en situation de handicap. Un contraste fort existe aussi entre les sexes concernant le veuvage. Il concerne 4,9% des hommes contre 32,6% des femmes. L’espérance de vie plus faible des hommes apparaît ici clairement.

 

Il a été demandé aux personnes en situation de handicap de plus de 25 ans célibataires ou divorcées si elles pensaient que leur situation était due à leur handicap. La réponse est positive à plus de 68%. Les femmes sont légèrement plus nombreuses que les hommes à répondre par l’affirmative : 71,7% contre 66,2%. La différence est plus marquée entre les milieux de résidences. En milieu urbain, le handicap est cité comme cause de célibat ou de divorce dans 60,9% des cas. En milieu rural, ce taux atteint 79,2%.

 

 

 

 

12. Perception des personnes en situation de handicap de leur environnement

 

Beaucoup de personnes en situation de handicap perçoivent leur environnement comme une barrière à leur participation à la vie sociale. Elles sont 61,1% à déclarer que les croyances et les représentations sur le handicap de leur entourage sont plutôt un obstacle à leur intégration.

 

Une analyse plus fine montre cependant que 88% des personnes touchées par le handicap portent une opinion positive sur leur famille, confirmant celle-ci comme un lieu d’intégration forte.

 

Le voisinage, les collègues de travail et les amis recueillent également des scores élevés d’appréciations positives : respectivement 81%, 79% et 78%. Il en est de même pour les responsables des systèmes d’enseignements (professeurs, superviseurs), avec 84% d’opinions positives. L’environnement humain le plus proche est donc, dans une grande majorité des cas, plutôt apprécié par les personnes en situation de handicap.

 

La situation se dégrade vis-à-vis des fonctionnaires des services publics, même si la majorité des personnes en situation de handicap (64%) reste positive à leur égard. L’appréciation est moins bonne également vis-à-vis des professionnels du handicap, avec 56% d’opinions positives. Enfin, les responsables d’associations dédiées au handicap recueillent 59% d’opinions négatives. Cette insatisfaction s’explique, en partie, parce que les attentes des personnes en situation de handicap vis-à-vis des professionnels sont beaucoup plus fortes que vis-à-vis du reste de la société. Lorsque ces attentes restent sans réponses, le mécontentement et la déception alimentent une insatisfaction récurrente.

 

 

 

 

Tableau 8
Perception des attitudes de leur entourage à leurs égards

des personnes en situation de handicap

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Positives

Négatives

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Des membres de sa famille

88%

12%

De ses amis

78%

22%

De son voisinage

81%

19%

Des collègues de travail ou de son occupation principale

79%

21%

Des supérieurs hiérarchiques dans le cadre du travail

67%

33%

Des collègues d’études

67%

33%

Des professeurs, superviseurs à l’école ou à l’université

84%

16%

Des fonctionnaires des services publics

64%

36%

Des interlocuteurs de la vie quotidienne (vendeurs, serveurs, etc.)

79%

21%

Des étrangers (personnes que l’on croise dans la rue)

76%

24%

Des personnes en groupes (une classe, une bande, une foule, etc.)

73%

27%

Des professionnels de la prise en charge du handicap (personnels paramédicaux, médicaux, éducateurs, assistantes sociales, etc.)

56%

44%

Des personnes travaillant dans les associations d’appui aux personnes handicapées

41%

59%

 

On peut également se demander si ces opinions négatives ne reflètent pas des divergences de vues sur les moyens à mettre en œuvre pour réduire les situations de handicap. Le discours des professionnels du handicap, légitime et nécessaire, donne en effet la priorité aux actions d’intégration sociale et économique : appui à la réadaptation, l’éducation, la formation et l’emploi. Mais l’Enquête Nationale sur le Handicap révèle qu’une grande partie des personnes en situation de handicap exprime surtout des besoins de soins, de médicaments, d’aides financières et de sécurité sociale.

 

 

13. Besoins et difficultés des personnes en situation de handicap

 

Les principaux besoins déclarés par les personnes en situation de handicap concernent l’accès aux soins (55,3% des réponses) et les aides financières pour résoudre les besoins essentiels (52,5% des réponses).

 

 

Tableau 9
Principaux besoins des personnes en situation de handicap

 

 

Meilleur accès aux soins médicaux

55,3%

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Aide financière pour résoudre les besoins essentiels

52,5%

Meilleur accès aux médicaments

21,3%

Meilleur accès aux aides techniques (fauteuils, appareillages, etc.)

17,5%

Meilleur accès à l’emploi

7,9%

Aide financière et/ou technique pour créer votre propre entreprise / commerce

5,2%

Logement

4,4%

 
Meilleur accès à l’éducation scolaire ou universitaire

4%

 
Meilleure communication avec les autres

2,1%

 
Meilleur appui des institutions publiques

2,1%

 
Conseil, guidance pour gérer la situation de handicap

1,8%

 
Formation professionnelle ou technique

1,2%

 
Meilleur accès aux transports publics

1,1%

 

Les besoins exprimés ensuite concernent l’accès aux médicaments et aux appareillages, puis l’accès à l’emploi et à des aides financières et techniques pour développer sa propre activité professionnelle. Les questions d’éducation et de formation apparaissent en septième position. Ces données semblent confirmer que la majorité des personnes en situation de handicap vit dans des conditions trop précaires pour considérer l’éducation et la formation comme des piliers de leur développement personnel.

 

L’analyse des difficultés rencontrées par la population en situation de handicap apporte des précisions sur cette question. L’éducation, la participation à la vie sociale et l’emploi sont en effet situés en tête des activités pour lesquelles les personnes touchées par le handicap rencontrent le plus de difficultés.

 

76% des personnes en situation de handicap déclarent qu’il leur est impossible de participer à des activités de scolarité ou de formation et

 74% d’exercer un emploi.

 

55,3% des personnes en situation de handicap déclarent que leur principal besoin est un meilleur accès aux soins et

 52,5% d’obtenir une aide financière pour résoudre leurs besoins essentiels.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Plus de 70% d’entre elles déclarent qu’il leur est impossible de les réaliser. Leurs limitations fonctionnelles physiques, sensorielles ou psychiques ne peuvent entièrement expliquer un tel phénomène. L’idée qu’elles se font de leurs capacités à réaliser ces activités joue vraisemblablement un rôle important. Cette perception négative se fonde sur l’image qu’elles ont d’elles-mêmes et sur les représentations que leur renvoient leurs proches et la société en général. Quel que soit le poids de chacune de ces causes, elles constituent des obstacles de taille au développement d’une dynamique d’intégration.

 

 

 

 

Une logique de survie au quotidien

 

Si l’on demande aux personnes en situation de handicap de classer leurs problèmes par ordre de difficulté, ce sont les activités quotidiennes (hygiène, habillage, alimentation, activités au domicile, déplacements, communication) et la capacité à assumer ses responsabilités personnelles et familiales qui arrivent en tête.

 

 

 

Tableau 10
Principaux problèmes des personnes en situation de handicap

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Réaliser les activités de la vie quotidienne

40%

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Se déplacer

20%

Communiquer

14%

Assumer des responsabilités personnelles et familiales

7%

Avoir un emploi

5%

Participer à la vie sociale

3%

Etudier à l’école ou l’université

2%

Absence d’aide des institutions publiques

1%

Abandon du conjoint ou des parents

1%

Le manque de respect, de considération, agressivité des autres personnes

1%

Se marier

1%

Autre

3%

 

Les préoccupations d’ordre social (éducation, emploi, participation à la vie sociale) arrivent après : 2 à 5% contre 7 à 40% des réponses. Cette question est citée par 8% des hommes contre 2% des femmes. Les préoccupations sur l’emploi et l’éducation sont également plus fortes en milieu urbain.

 

La forte proportion de personnes en situation de grand ou de très grand handicap mis en lumière par l’enquête (plus de 75% des personnes interrogées) peut expliquer l’importance de ces difficultés liées au quotidien et à la sphère privée.

 

Quoi qu’il en soit, ces données montrent que la grande majorité des Marocains en situation de handicap ont avant tout des préoccupations de survie au quotidien, la recherche d’autonomie et d’intégration venant au second plan.

 

14. Affiliation des personnes en situation de handicap aux associations

 

Cette dynamique de survie au quotidien dans laquelle semble se trouver la majorité des personnes en situation de handicap explique peut être le faible nombre d’entre-elles qui participent aux activités d’associations travaillant en leur faveur. Elles ne sont que 14% parmi les personnes adultes en situation de handicap à être affiliées à une association. Les parents d’enfants en situation de handicap ne sont que 7% dans ce cas.

 

Précisons cependant qu’il s’agit d’une moyenne nationale et que de nombreuses régions du Maroc sont très peu couvertes par le tissu associatif, ce qui laisse supposer des taux d’adhésion beaucoup plus forts dans les régions les plus développées du pays.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


[17][1] Sur la base des résultats provisoires du RGPH 2004.

[18][2] Source : Service de la Santé maternelle et infantile / Ministère de la Santé

[19][3] Selon l’UNICEF les mariages consanguins représentaient 29,3% des mariages en 1997 (33% en 1987). Source : « Analyse de la situation des enfants au Maroc », UNICEF, 2001

[20][4] On peut estimer le nombre des nouveaux cas par an entre 2.500 à 3.000. Durant les 30 dernières années le nombre atteindrait près de 90 000 cas. Le taux de récupération satisfaisante est notée 1 fois sur 10, elle est partielle dans 2 cas sur 10, et jugée insuffisante, voire inexistante, dans 7 cas sur 10. Dans près de 2 cas sur 3, il s’agit d’une paralysie supérieure qui affecte les muscles qui commandent les mouvements de l’épaule et du coude.

[21][5] Source : La santé en chiffre 2003. Ministère de la Santé

[22][6] Source : Enquête sur la Population et la Santé Familiale. EPSF 2003 / 4. Rapport préliminaire. Ministère de la Santé.

[23][7] Source : La santé en chiffre 2003. Ministère de la Santé

[24][8] Source : La santé en chiffre 2003. Ministère de la Santé

[25][9] Idem.

[26][10] Source : « Enquête nationale prospective sur les facteurs de risque des maladies cardiovasculaires ». Pr Nacer Chraibi.  Ministère de la Santé. 2000.

[27][11] En 2001, l’espérance de vie des femmes était 72,1 ans et celle des hommes de 68 ans. Source : Annuaire statistique du Maroc 2003.

[28][12] Source : Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH) 2004, résultats préliminaires.

[29][13] Données concernant l’année scolaire 2003 / 2004. Source : entretien avec le responsable de l’intégration scolaire des jeunes en situation de handicap du Ministère de l’Education.

[30][14] Source : Le Maroc en chiffre 2003, Direction de la Statistique, Haut Commissariat chargé de l’Incitation Economique et du Plan.

[31][15] Source : Le Maroc en chiffre 2003, Direction de la Statistique, Haut Commissariat chargé de l’Incitation Economique et du Plan

[32][16] Idem

 



[1][1] Sur la base des résultats provisoires du RGPH 2004.

[2][2] Source : Service de la Santé maternelle et infantile / Ministère de la Santé

[3][3] Selon l’UNICEF les mariages consanguins représentaient 29,3% des mariages en 1997 (33% en 1987). Source : « Analyse de la situation des enfants au Maroc », UNICEF, 2001

[4][4] On peut estimer le nombre des nouveaux cas par an entre 2.500 à 3.000. Durant les 30 dernières années le nombre atteindrait près de 90 000 cas. Le taux de récupération satisfaisante est notée 1 fois sur 10, elle est partielle dans 2 cas sur 10, et jugée insuffisante, voire inexistante, dans 7 cas sur 10. Dans près de 2 cas sur 3, il s’agit d’une paralysie supérieure qui affecte les muscles qui commandent les mouvements de l’épaule et du coude.

[5][5] Source : La santé en chiffre 2003. Ministère de la Santé

[6][6] Source : Enquête sur la Population et la Santé Familiale. EPSF 2003 / 4. Rapport préliminaire. Ministère de la Santé.

[7][7] Source : La santé en chiffre 2003. Ministère de la Santé

[8][8] Source : La santé en chiffre 2003. Ministère de la Santé

[9][9] Idem.

[10][10] Source : « Enquête nationale prospective sur les facteurs de risque des maladies cardiovasculaires ». Pr Nacer Chraibi.  Ministère de la Santé. 2000.

[11][11] En 2001, l’espérance de vie des femmes était 72,1 ans et celle des hommes de 68 ans. Source : Annuaire statistique du Maroc 2003.

[12][12] Source : Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH) 2004, résultats préliminaires.

[13][13] Données concernant l’année scolaire 2003 / 2004. Source : entretien avec le responsable de l’intégration scolaire des jeunes en situation de handicap du Ministère de l’Education.

[14][14] Source : Le Maroc en chiffre 2003, Direction de la Statistique, Haut Commissariat chargé de l’Incitation Economique et du Plan.

[15][15] Source : Le Maroc en chiffre 2003, Direction de la Statistique, Haut Commissariat chargé de l’Incitation Economique et du Plan

[16][16] Idem

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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